Saviez-vous que Notre Dame avait été scannée au laser ?

Notre Dame sous toutes ses coutures

L’universitaire américain Andrew Tallon, décédé en 2018, avait scanné chaque recoin de la cathédrale !

Une semaine avant l’incendie de Notre-Dame de Paris, une équipe universitaire du campus de Vassar College, au nord de New York, s’était réunie pour planifier un ambitieux projet : répertorier un gigantesque volume de données de modélisation en 3D de la cathédrale – les plus précises du monde.

Ces précieuses données sont l’œuvre d’Andrew Tallon, décédé en novembre 2018, professeur d’art américain francophile et francophone, amoureux de l’architecture médiévale et passionné par les cathédrales gothiques. Sa technique n’était pas nouvelle, mais son usage l’était. En 2011 et 2012, financé par une fondation, Andrew Tallon a utilisé un scanner laser de Leica Geosystems pour mesurer très précisément l’intérieur et l’extérieur de la cathédrale. Il a placé son appareil et des cibles géolocalisées dans une cinquantaine d’endroits, afin de mesurer les distances entre chaque mur et pilier, recoin, statue ou autre forme – et enregistrer l’ensemble des imperfections intrinsèques à tout monument usé par les siècles. En 2015, il expliquait sa technique, également appliquée à la cathédrale de Canterbury, au National Geographic.

 

Précision de l’ordre de 5 mm

Le résultat est un « nuage » de plus d’un milliard de points, qui ont été colorés dans un second temps. Les images de synthèse finales reconstruisent à l’écran la cathédrale dans ses moindres détails, y compris ses infimes défauts, avec une précision de l’ordre de cinq millimètres. Ces images ont par exemple confirmé à quel point le côté ouest de la cathédrale était « un bazar complet… », avait dit Andrew Tallon à National Geographic, en montrant le mauvais alignement des piliers.

Andrew Tallon voulait « entrer dans la tête des constructeurs », a expliqué mardi à l’AFP Lindsay Cook, son ancienne étudiante, qui après un doctorat à Columbia est revenue enseigner à Vassar l’an dernier, et est l’une des universitaires qui exploitent aujourd’hui les archives numériques. « Il cherchait dans les scans laser les ruptures dans la construction, les endroits où les choses n’étaient pas tout à fait droites ou d’aplomb, où on pouvait deviner la main de l’architecte ou des maçons », poursuit la professeure d’art, également francophile, qui admet volontiers qu’elle est tombée dans le gothique grâce à son ancien professeur.

De ces mesures sont nées des images publiées dans un livre en 2013 et montrées dans une exposition à Notre-Dame en 2014. Mais le gros de ce téraoctet de données reste encore non exploité.

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© Tous pour Notre Dame 2020 | Par Lights in the Dark.
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